33 Les malades chroniques ont besoin d’un système de soins primaires bien développé, comme le montre un modèle de simulation
Comment adapter au mieux le système de santé en Suisse aux besoins des malades chroniques? L’étude a permis la modélisation de quatre scénarios portant sur l’impact des décisions de politique de santé sur la prise en charge de ces patientes et patients.
Description du projet (projet de recherche terminé)
Dans une première phase, un modèle du système actuel de prise en charge des malades chroniques a été élaboré en collaboration avec des expert.e.s et des décideurs. Ce modèle qualitatif et conceptuel a permis de visualiser les facteurs d’influence majeurs et leurs interactions dans le système. Sur la base de ces résultats, et dans un deuxième temps, un modèle de simulation quantitatif a été conçu, lequel a répertorié les éléments-clés et leurs interactions au sein du système de prise en charge des malades chroniques.
Contexte
Alors que les personnes sont toujours plus nombreuses à souffrir de maladies chroniques nécessitant des soins de longue durée, le système de santé suisse reste fortement orienté vers les soins aigus. Afin de mieux soigner les malades chroniques et d’utiliser plus efficacement des ressources de santé limitées, le système de soins doit être adapté aux besoins réels. Toutefois, la complexité du système de santé, les progrès techniques et les différents objectifs de politique de santé rendent difficile l'élaboration d'une telle réforme.
Objectif
L’étude visait à analyser les effets de la fermeture des cabinets de médecins de famille sur l’usage des services médicaux, les coûts, la santé des patient-e-s et les groupes de patient-e-s et les régions qui en étaient affectés.
Résultats
Chacun des quatre scénarios a été simulé sur une période de dix ans :
- Dans un premier scénario qualifié de pessimiste, le nombre de médecins de premier recours baissait de 25%, alors que, dans le même temps, la part de la population souffrant de maladies chroniques compliquées augmentait de près de 25%. Les coûts ont augmenté de 12,5% et la satisfaction des patients a diminué de près de 50%. En outre, la satisfaction au travail des prestataires de soins s'est détériorée de près de 30%.
- Dans le deuxième scénario, plus optimiste, où le nombre de médecins de premier recours augmentait de 15%, la satisfaction des patients a doublé (plus 99%), tandis que les autres facteurs n'ont que peu varié.
- Dans le troisième scénario, dans lequel la part des médecins de premier recours travaillant dans des cabinets de groupe augmentait de 70%, seule la satisfaction au travail des prestataires de soins a changé de manière significative (plus 120%).
- Enfin, dans le quatrième scénario lié à la transformation numérique, la satisfaction des patients a augmenté d'un peu plus de 25%, tandis que les autres facteurs sont restés pratiquement constants.
Importance
Importance des résultats pour la recherche et la pratique
Le modèle qualitatif développé dans le cadre de l’étude décrit le système actuel de prise en charge des malades chroniques. Le modèle de simulation qui en découle, a pu mettre en évidence l’amélioration durable des soins primaires en cas d’augmentation du nombre de prestataires de soins dans ce secteur. En outre, il peut aider les parties prenantes concernées à prévoir les évolutions futures du système de prise en charge des malades chroniques, à évaluer les réformes de politique de santé envisagées ou à en proposer de nouvelles. Avec ce modèle de simulation, l'étude offre ainsi une plate-forme optimale pour un dialogue continu sur la prise en charge des personnes souffrant de maladies chroniques en Suisse.
Titre original
Projecting the impact of health policy changes for Swiss patients with chronic conditions using simulation modeling